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En France, les centres de suivi des auteurs de violences conjugales font le plein
information fournie par AFP 06/06/2025 à 09:23

Manifestation contre les violences faites aux femmes le 20 novembre 2021 à Paris ( AFP / Alain JOCARD )

Manifestation contre les violences faites aux femmes le 20 novembre 2021 à Paris ( AFP / Alain JOCARD )

Créés en 2020 pour prévenir la récidive et le passage à l'acte, les centres de suivi et d'accompagnement des auteurs de violences conjugales font l'objet en France d'une "forte demande" avec des "listes d'attente fréquentes" dans ces structures qui appellent à un renforcement de leurs moyens.

Entre 2021, quand le dispositif est devenu pleinement opérationnel, et fin 2024, "66.694 personnes ont été reçues" par les trente sites français "pour une prise en charge globale (...) tant sur la base du volontariat que dans le cadre de mesures judiciaires", précisent les centres de prise en charge des auteurs (CPCA) de violences conjugales dans un communiqué publié vendredi.

En 2024, le nombre total de personnes prises en charge était de 21.856, en augmentation de 57% depuis 2022. Ce sont des hommes dans une écrasante majorité même si quelques femmes sont aussi accueillies.

"Les moyens actuels (autour de 5 millions d'euros par an, ndlr) sont insuffisants pour prendre en charge l'ensemble des flux qui nous sont orientés donc on priorise" les demandes émanant de la justice, souligne auprès de l'AFP Claire Haury, directrice générale de l'ARSL, la structure qui pilote la coordination des CPCA.

"Les auteurs de violences qui prennent contact d'eux-mêmes, soit on les perd soit on les met sur liste d'attente", déplore-t-elle. Or "un auteur qui fait la démarche volontaire de venir, on ne peut pas lui dire revenir plus tard ça doit être traité tout de suite", insiste Mme Haury.

Selon les derniers chiffres officiels publiés fin novembre, quelque 271.000 victimes de violences conjugales, à 85% des femmes, ont été enregistrées par les forces de sécurité en 2023. Sur la même année, 96 féminicides conjugaux ont été recensés.

Pour tenter de prévenir passage à l'acte ou récidive, le gouvernement avait annoncé, à l'issue du Grenelle des violences conjugales de 2019, un suivi renforcé des auteurs de ce type de violences qui s'était concrétisé un an plus tard par l'ouverture des CPCA.

Ces centres proposent essentiellement des "stages de responsabilisation" ou des groupes de parole sur la base du volontariat ou dans le cadre d'une démarche judiciaire (alternative aux poursuites, contrôle judiciaire, sursis probatoire, aménagement de peine). En moyenne, le nombre de participants par stage oscille entre 10 et 15 personnes et la durée du stage entre un à six jours, selon les CPCA.

- "Pas de +profil type+" -

Un accompagnement psychothérapeutique et médico-social incluant un suivi psychologique et en addictologie peut également être proposé suivant les besoins de l'auteur des violences. En 2023, 11.022 personnes ont participé à un stage de responsabilisation et 6.399 personnes étaient engagées dans une démarche de soins.

"Il n'y a pas de +profil type+ parmi les personnes reçues", insistent les CPCA. "Les auteurs sont de tout âge, de différentes catégories socioprofessionnelles, avec une majorité en emploi, provenant de milieux ruraux et urbains. Certains sont encore en couple, tandis que d'autres sont séparés".

Les structures notent une augmentation des demandes d'accompagnement volontaires, hors du cadre judiciaire, de 80% entre 2021 et 2023.

Avec quelles suites? Aucune donnée n'est encore disponible sur l'impact de cet accompagnement sur une potentielle récidive.

"On n'est pas en mesure de vous dire à l'heure actuelle que 100% des auteurs de violences conjugales ne le sont plus après le suivi mais ce qui est intéressant c'est qu'il y a une majorité d'auteurs qui demandent à continuer l'accompagnement après la peine", explique Claire Haury.

"Il faut se souvenir quand les centres ont été lancés, on ne savait pas très bien où ça allait aller. Quatre ans après on peut dire que le bilan est particulièrement positif", estime de son côté Sylvaine Grévin, fondatrice de la Fédération nationale des victimes de féminicides.

"Ce travail est essentiel", martèle-t-elle. "Tout ce qui est bon à prendre, pour protéger les victimes et réduire le taux de récidive, on doit le mettre en place. On recense les féminicides conjugaux depuis cinq ans: dans 30% des cas, l'auteur du féminicide avait déjà été condamné par le passé pour violences conjugales".

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